Page:Schiff - Marie de Gournay.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.

fille à l’écrire. Lui parti, Marie trompa ainsi l’ennui des premiers jours de solitude, et sitôt que la nouvelle fut achevée, elle l’envoya par exprès en Gascogne avec ses meilleurs souvenirs pour son père d’alliance et pour tous les siens[1]. Cette histoire dont le titre seul est intéressant s’appelle : Le promenoir de M. de Montaigne. Une lettre-préface raconte les circonstances que nous venons de rapporter. À nos yeux, le seul mérite de cette nouvelle, qui d’ailleurs eut un franc succès, est d’avoir distrait l’auteur des Essais. Dès son premier geste de femme de lettres, Marie se révèle, ce qu’elle fut toujours, à la fois habile et naïve. D’instinct elle devinait l’art de plier ses enthousiasmes au service de sa notoriété et parfois même de ses intérêts. Débuter par un écrit sur le titre duquel éclatait le nom de Montaigne, c’était faire d’une profession

  1. L’epistre sur le proumenoir de monsieur de Montaigne qui accompagnait le manuscrit du Proumenoir est datée de 1589. Ce petit ouvrage qui parut en 1594 eut cinq éditions ; on en fit deux contrefaçons, et de plus Mademoiselle de Gournay le réimprima trois fois dans son volume de mélanges. L’édition princeps porte le titre suivant : Le Proumenoir de M. de Montaigne par sa fille d’alliance. Paris, Ab. L’Angelier, M.D.XCIIII (1594), in-12. Mademoiselle de Gournay a publié cet opuscule comme un hommage à la mémoire de Montaigne. À la suite du Promenoir Marie de Gournay a imprimé un bouquet poétique avec l’Hymne à l’archange saint Michel et 14 quatrins pour la maison de Montaigne. La troisième édition de ce récit est datée de 1599 ; on y trouve aussi la préface des Essais de 1595, remaniée et « repolie » avec soin. – Cf. Dr. J. F. Payen, Note bibliographique sommaire sur les diverses éditions du Proumenoir de M. de Montaigne, dans le Bulletin du bibliophile, quatorzième série, p. 1285. Chapelain, dans une lettre à Godeau (5 juin 1639), parle d’une comédie tirée du Promenoir de la Pucelle par Pilet de la Mesnadière. Lettres de Jean Chapelain publiées par Tamizey de Larroque (Paris, 1880,) t. I, p. 131.