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langes.

Paris, Jean Libert. – C’est la première édition des œuvres complètes de mademoiselle de Gournay. In-8o , 1202 p.

1634. Les advis ou les presens de la demoiselle de Gournay. Paris, Toussaint du Bray. In-4o , 860 p.

1641. Les advis ou les presens de la demoiselle de Gournay. Paris, Jean du Bray. In-4o , 995 p.

Ces trois éditions des mélanges de Marie de Gournay contiennent toutes ses œuvres. En 1634 elle a ajouté à l’Ombre : L’institution du Prince (deux traités), De la medisance (trois traités), l’Oraison du Roy à S. Louys durant le siège de Rhé ; la Première delivrance de Casal ; De la temerité et la version du sixième livre de l’Aeneide. En 1641, elle ajoute encore un Discours à Sophrosine, une lettre liminaire, un traité Des broquarts et quel fruit en tirent les brocardeurs et la Vie de la demoiselle de Gournay.

Marie de Gournay tenait beaucoup à ce titre d’Ombre qui flattait ses instincts philosophiques. Elle l’expliquait par un vers : « l’homme est l’ombre d’un songe et son œuvre est son ombre. » Malgré la profondeur de cette pensée, le public paraît s’être obstiné à ne pas la comprendre, si bien que le libraire de l’édition de 1634 exigea un autre titre. La fille d’alliance de Montaigne céda non sans regret et adopta celui d’Advis ou presens.

À la fin de son livre et dans ses trois éditions, mademoiselle de Gournay a mis une imprécation dont la nature spéciale est peut-être la raison qui a fait que l’auteur se soit abstenu de réimprimer son Remerciement au Roy avec les faux vers de Ronsard. « Si ce livre me survit, dit-elle, je deffends à toute personne, telle qu’elle soit, d’y adjouster, diminuer, ny changer jamais aucune chose, soit aux mots ou en la substance, soubs peine à ceux qui l’entreprendroient d’estre tenus aux yeux des gens d’honneur, pour violateurs d’un sepulchre innocent. Et je suprime mesmes tout ce que je puis avoir escrit hors ce livre, reservé la préface des Essais en l’estat que je la fis r’imprimer l’an passé, si je n’ay loisir de l’amender avant mourir. Les insolences, voire les meurtres de réputation que je voy tous les iours faire en cas pareil en cet impertinent siècle, me convient à lascher cette imprécation. »

En 1641 cet avertissement est répété dans les mêmes termes sauf la phrase touchant les Essais qui est ainsi modifiée : « reservé la preface des Essais en l’estat que je la fis r’imprimer l’an mil six cents trente cinq. »