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profession de cette conviction comme service de Dieu, et l’on peut ajouter que cette manifestation est un devoir envers les convictions elles-mêmes, parce qu’elle en est l’élément et l’aliment.

Les deux derniers chapitres de cette première partie sont étrangers au sujet pour autant qu’il doit aboutir à la thèse de la séparation, mais ils servent à compléter un traité de morale d’une élévation, d’une fermeté, d’une vigueur admirables. Le contour général auquel nous avons dû nous borner ne peut rendre l’évidence dont les développements de l’auteur ont entouré sa proposition ; c’est à l’ouvrage qu’il faut recourir pour apprécier la solidité du fondement sur lequel va s’élever l’édifice proprement dit, c’est-à-dire la seconde partie.

La manifestation des convictions, spécialement des convictions religieuses, est un devoir envers la vérité elle-même non moins qu’envers la société, un devoir sacré, universel, absolu. Or, tout devoir emporte un droit, c’est-à-dire que la société doit être constituée de manière à permettre l’exercice de ce devoir. Eh bien ! l’union de l’Église avec l’État, impliquant nécessairement protection et, par suite, aussi persécution, met un obstacle à la manifestation des convictions. C’est ainsi que la séparation apparaît comme la « conséquence nécessaire » du principe posé.

Mais il y a plus. La société ne doit pas seulement respecter le devoir de la sincérité religieuse ; en présence du caractère absolu et de l’importance sociale de ce devoir, elle est tenue de le ménager, de l’en-