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maladies sourdes des états, leurs fièvres violentes et leurs affreux désordres ? Est-ce peut-être de ce que les citoyens suivent trop leur conscience ? N’est-ce pas plutôt de ce qu’ils ne l’écoutent point assez ? Il est très vrai que, chez certains individus, la conscience est mal éclairée ; mais qu’ils valent bien mieux que ceux qui n’en ont point ! Du moins, sous quelque forme que ce soit, le sentiment de l’obligation morale vit dans leur âme ; il y a quelque chose à faire d’eux. » Ainsi toujours la même doctrine : l’unité par l’individualité, et l’ordre par la liberté. Non pas que Vinet se fît illusion ; il savait quels étaient les périls de la liberté, mais il les acceptait sans hésiter. « Quand tous les périls seraient dans la liberté, toute la tranquillité dans la servitude, je préférerais encore la liberté ; car la liberté, c’est la vie, et la servitude, c’est la mort. »

Les Observations de Vinet étaient faites pour scandaliser l’intolérance du Conseil d’État, intéressé, nous l’avons vu, à ne point laisser tomber une discussion dont il se promettait des avantages politiques. D’ailleurs, il n’ignorait pas, sans doute, la part que M. Monnard, membre distingué de l’opposition, avait eue à la publication de la brochure, et il pouvait se promettre la joie de frapper un adversaire et de déconsidérer un patriote. On a rarement vu réunies des passions plus mesquines et plus mal déguisées. Le Conseil d’État chargea donc les juges de paix d’informer pour découvrir l’auteur, l’éditeur et l’imprimeur de l’écrit. Les informations du juge de paix de Lausanne désignèrent M. Monnard comme l’éditeur, et le Conseil