Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/99

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’Esprit des lois qu’à celle de l’auteur de l’Idéalisme transcendental, et qu’une déclaration des Droits de l’Homme eût été mal rédigée par un métaphysicien qui consacre le régime des castes. A notre avis, le penseur qui ne retire de ces sublimes spéculations qu’une apologie de la monarchie absolue et de l’aristocratie doit être, malgré ses superbes dédains, classé, comme publiciste, fort au-dessous de ces raisonneurs éloquents tels que Rousseau et Montesquieu, qui ont su, du moins, sur les principes de la société moderne, trouver quelque chose de plus original qu’une imitation vague de la république de Platon. — Ceci ne nous empêchera pas d’admettre la conclusion générale, savoir qu’il n’est pas de l’essence de la philosophie d’être hostile à l’État ; que l’État repose sur des vérités éternelles, et que la philosophie doit chercher à les comprendre ; que le vrai rôle de celle-ci n’est pas de détruire, mais de fonder et d’affermir toute constitution qui repose sur le droit et la justice. — Ce qui est dit de la politique utilitaire nous parait aussi vrai qu’élevé et originalement exprimé.

Seconde objection : L’étude de la philosophie ne sert qu’à dégoûter des sciences positives. Sur ce point, Schelling est beaucoup plus heureux que sur le précédent. Il accepte ironiquement l’objection, et la retourne avec habileté contre ses adversaires. Oui, la philosophie est l’ennemie naturelle des sciences positives ; c’est-à-dire stationnaires. Elle a toujours été fatale aux théories qui tendent à immobili-