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politique dans d’abstraites catégories, et qui, d’ailleurs, posant en principe l’équation de la liberté et de la fatalité, assimile les lois du monde moral et de l’activité libre à celles de la nature ?

L’accusation qu’il porte ici pourrait bien tout simplement retomber sur son système, en être la condamnation dans l’ordre des faits, arrêt dont on ne peut appeler, car c’est le jugement de Dieu.

Quant à supprimer d’un trait tout ce grand mouvement philosophique qui aboutit à la révolutution française, et cela sous prétexte qu’on n’a pas été sobre de paroles, qu’on s’est servi beaucoup du raisonnement au lieu de s’élever jusqu’aux idées de la raison, c’est se faire illusion sur la forme, comme tout-à-l’heure sur le fond. Que voulez-vous ? si cette philosophie est raisonneuse, c’est qu’apparemment on ne détruit pas des abus en construisant des formules métaphysiques. Si elle est peu spéculative, c’est que les idées de justice, d’égalité, d’humanité sont encore moins dans la tête que dans le cœur des hommes ; c’est qu’elles sont plus vivantes, plus efficaces dans la conscience humaine et le sentiment vif, énergique de la liberté, que dans les catégories de la raison, ou dans d’impuissantes formules. Ici, au moins, ne risquent-elles pas de se perdre dans le dédale d’une dialectique subtile, habile quelquefois à forger des sophismes à l’aide desquels se légitime le despotisme des gouvernements absolus. Nous pensons qu’elles ont mieux fait de s’adresser à la plume qui a tracé