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les dogmes religieux, vérités qui servent aussi de base à la société, on a raison, rien n’est plus dangereux qu’une telle philosophie. Mais elle ne mérite pas ce nom. Ici, Schelling fait une violente sortie contre les théories politiques de la philosophie française du xviiie siècle. Nous ne nous donnerons pas la peine de relever l’exagération passionnée de ce morceau, que l’on dirait écrit de la plume de son disciple Gœrrès. Ceci n’a d’excuse que dans la date de ces leçons. On sait qu’à cette époque les écrivains et les philosophes de l’Allemagne, qui avaient d’abord accueilli, avec plus ou moins de sympathie, les idées de la révolution française, effrayés de ses excès, s’étaient bientôt tournés contre elle et contre la cause principale qui l’avait préparée. Aveuglés sur le principe par ses apparentes conséquences, ils ne virent dans la cause, comme dans son effet, que le mauvais côté, les abus, non les abus qu’elle a détruits. Si Schelling se fût borné à flétrir des écarts et des excès que tout homme sensé déplore et condamne, il eût encore fait preuve d’un esprit étroit ; car n’envisager qu’une seule face des choses et le côté négatif est moins permis à un philosophe qu’à tout autre. Au reste, que le côté positif lui ait échappé, il n’y a pas lieu de s’en étonner. Comment ridée du droit, que la philosophie du xviiie siècle a eu pour mission de proclamer à la face du monde et qu’elle a fait triompher dans les institutions comme dans les intelligences, serait-elle bien comprise de celui qui cherche le type et le modèle d’une constitution