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philologie et de la science de la nature, tient de plus près à son système, et mérite d’être remarqué.

Il distingue, d’abord, l’étude proprement dite des langues de la philologie, à laquelle il assigne un rang très-élevé dans la hiérarchie des sciences. Sa tâche étant la construction des œuvres de l’art et de la science, il la rattache à la philosophie de l’histoire. Or, cette science qu’ont illustrée les travaux des Wolf, des Heine, des Schlegel, des Creuzer, des Humboldt, et qui fait la gloire de l’Allemagne, lui parait avoir les plus grandes analogies avec l’étude de la nature. La nature est aussi un livre, une langue morte, un vieux monument, un auteur ancien par excellence. C’est un poème divin dont nous ne possédons que des fragments. Si Bacon appelle la méthode des sciences naturelles une interprétation de la nature, le mot est vrai dans le sens le plus élevé. L’esprit divin qui anime les êtres de la création, se manifeste, se révèle en eux. Les phénomènes de la nature sont des signes et des symboles ; ses lois des idées. Dans leur ensemble ils représentent le développement de la pensée divine. Donc, s’exercer à connaître ces phénomènes, à en découvrir le sens et la pensée cachée, à trouver la clé de ces hyéroglyphes gravés par la main de Dieu, c’est faire comme le philologue qui reconstruit les œuvres de la littérature par l’interprétation du texte ancien. Le naturaliste cherche à coordonner les fragments du poème de la nature, de cette épopée inachevée et écrite dans les