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philosophes, Goëthe[1] et Schiller, comme Schelling et Kant, et presque dans les mêmes termes. Schelling, en particulier, témoigne le plus grand mépris pour les modernes faiseurs de théories sur l’éducation, qui veulent substituer à l’étude des langues des connaissances positives dans les sciences naturelles ou abstraites. Il insiste sur ce qui a été tant de fois répété depuis, c’est que rien n’est plus propre à développer les facultés naissantes, la sagacité, la pénétration, l’invention, que l’étude des langues, et principalement des langues anciennes, que l’analyse de ce merveilleux mécanisme du langage, qui reproduit l’organisme de la pensée, avec ses tours, ses nuances et ses délicatesses les plus subtiles. C’est, d’ailleurs, une logique appliquée et concrète, éminemment propre à exercer le raisonnement ou la faculté de deviner les possibilités logiques : utile préparation à toutes les sciences, qui donne à l’intelligence plus de force et de souplesse, et la développe de la manière la plus conforme à sa nature, puisqu’elle lui présente, comme dans un miroir, sa propre image, et lui fait reconnaître, dans une langue morte, l’esprit vivant qui l’anime, et qui a passé, en partie, dans nos langues modernes.

Ce que Schelling dit ensuite des rapports de la

  1. « L’étude de la littérature grecque et romaine doit rester toujours la base de la haute culture intellectuelle » (Goëthe, Maximes et Réflexions, 6e  part.)