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lement dépourvu d’intuition. Ne possédant pas l’intelligence des principes il les applique souvent à faux ; sa science l’abandonne souvent, même dans les cas particuliers, et sa maladresse se trahit avec son ignorance. 2o Il est incapable de progrès. Pour avancer il faut avoir devant les yeux un but, un idéal, juger les découvertes actuelles avec une mesure qui les dépasse et en fasse sentir l’insuffisance. Il faut d’ailleurs s’élever au-dessus des particularités et les dominer par des vues générales. 3o Du sentiment de l’impuissance jointe à l’absence d’idées, nait l’amour de l’immobilité et la haine du progrès, la peur des théories et des réformes, de tout ce qui menace de troubler le repos et la paresse d’esprit et de renverser l’échafaudage factice de classifications arbitraires ou artificielles sur lequel s’étaie un savoir superficiel. C’est le plus grossier positivisme dans la science[1].

Schelling, indique ensuite les conditions relatives aux études qui doivent servir de préparation à l’enseignement supérieur, et qui font l’objet de ce que nous appelons l’instruction secondaire.

Il marque d’abord la limite qui doit les séparer ; car il est essentiel d’empêcher toute anticipation, toute confusion. Les premières études doivent être fortes et complètes, mais élémentaires, se mesurer

  1. On pourrait y joindre ce que dit Royer-Collard des hommes qui dédaignent toute théorie : « La prétention excessivement orgueilleuse de n’être pas obligé de savoir ce que l’on dit quand on parle, et ce qu’on fait quand on agit. »