Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la science en lui n’est ni féconde ni vivante, elle est stérile et morte ; elle dégénérera bientôt en mécanisme et en routine. Lui-même ne sera qu’une machine plus ou moins bien réglée.

Or, la production se fait par une vive intuition qui rapproche et saisit simultanément les deux termes de toute existence, le général et le particulier, l’idéal et le réel, l’abstrait et le concret, et de ce choc fait jaillir une idée qui les illuminant tout-à-coup d’un jour nouveau, dévoile entre eux de nouveaux rapports.

Ces régies posées, Schelling attaque la méthode qui les méconnaît ; il signale ses tendances et ses funestes effets.

Cette méthode, déjà appréciée plus haut, consiste à enseigner et apprendre les faits et les résultats, comme tels, sans chercher à en pénétrer le sens ou l’esprit et à comprendre les principes, qui eux-mêmes sont présentés comme de simples données, historiques. Elle tend à transformer les établissement scientifiques en établissements industriels ; car la première conséquence est de faire négliger complètement la théorie pour les résultats, de faire de la science, non un but, mais un moyen, et d’en abaisser le niveau.

Ses effets sur l’esprit cultivé par elle sont faciles à prévoir. 1° Il est impossible qu’il s’approprie bien ce qu’il ne fait que recevoir. Ne sachant remonter des faits aux causes, des résultats aux principes, et redescendre de ceux-ci aux conséquences, il est tota-