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ayions tracé à notre tour un tableau de fantaisie et fait une utopie dans le sens pessimiste !

La troisième leçon renferme, sur les conditions des études académiques, d’excellents conseils qui n’ont pas vieilli, ainsi qu’on pourra s’en convaincre. Si elle offre de l’intérêt, surtout par la forme et la date, elle se prête d’autant moins à l’analyse.

La première condition, pour cultiver convenablement son esprit et faire des progrès dans la science, c’est d’apprendre : précepte banal, sans doute, mais non superflu. Que déjeunes gens, d’ailleurs heureusement doués, se figurent que le talent et l’imagination peuvent suppléer au savoir, se hâtent de fermer les livres pour saisir la plume, sans s’y être préparés en amassant un trésor suffisant de connaissances positives ! De là tant de productions faibles et vides, de plans avortés, de travaux sans baleine. Qu’ils apprennent que les fortes conceptions ne s’improvisent pas ; qu’ils recueillent cette leçon de la bouche des plus grands maîtres ; qu’ils sachent que les écrits originaux et créateurs qui ont renouvelé la face des sciences ou des lettres, et dont les œuvres attestent la plus riche fécondité, s’étaient soumis à cette longue et pénible initiation ; qu’ils se rappellent Platon, écoutant Socrate pendant dix années, Aristote, restant vingt ans à l’école de Platon avant d’ouvrir la sienne, et recevant de son maître le surnom de liseur.

Qu’ils ne se laissent pas abuser par quelques excep-