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étroit et borné, ne sait s’élever par aucune pensée générale au-dessus des faits et des cas particuliers. Nous recommandons aux hommes spéciaux, comme ils s’intitulent eux-mêmes, de méditer surtout les paroles suivantes :

« Celui qui ne connaît sa spécialité que par son côté particulier et ne sait pas y reconnaître l’élément général qui le vivifie, est indigne d’enseigner et d’être le gardien de la science. » — « Ce n’est pas par une simple habileté mécanique dans la science, mais par la faculté d’en pénétrer les détails avec les idées d’un esprit habitué aux conceptions générales, que l’on devient, à la fois, un savant distingué et le meilleur maître dans sa spécialité. »

Et que l’on ne croie pas que c’est là réduire chaque science particulière à n’être qu’un moyen et un instrument par rapport à la science en général. La science est un organisme. Dans un véritable organisme, le centre est partout comme la vie. Chaque membre est, à la fois, moyen pour le tout et but pour lui-même. Le vrai savant, qui fait de sa spécialité le centre de la science entière, peut, de ce point, voir rayonner la lumière dans toutes les directions et embrasser l’universalité des choses. Celui-là seul, qui l’isole du tout, lui ôte son caractère indépendant, et en fait un moyen, un instrument. À ces idées étroites sont associés des sentiments vulgaires, le manque de véritable intérêt pour la science, subordonnée dès lors à des fins matérielles.