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son origine et son but, est condamnée à l’immobilité. Cette faculté de considérer toute chose dans son rapport avec le tout et du point de vue de la plus haute unité est aussi le propre de l’inspiration et du génie. Ce qui n’est pas pensé dans cet esprit, ce qui n’est pas susceptible d’être saisi harmoniquement dans ce tout organisé et vivant, est vide et insignifiant. Ce sont des matériaux inertes que la science ne peut s’assimiler, qu’elle expulse de son sein, selon les lois de l’organisation et de la vie.

Telle est, poursuit Schelling, la vraie manière d’envisager la science. Ainsi la conçut l’antiquité : c’est là le sens de cette σοφια des Grecs, qui était à-la-fois la science et la sagesse dans leur tendance la plus élevée. Et la philosophie est-elle autre chose que cette aspiration de l’homme à communiquer avec l’essence divine, à participer de cette science absolue dont l’univers est l’image, et dont la source est dans l’intelligence éternelle ?

Mais ici s’élève une objection. La science, dit-on, pour répondre à cet idéal, devrait avoir son but en soi, dans la connaissance et la contemplation de la vérité. Or, telle n’est pas la science humaine. L’homme n’a pas été créé pour la vie contemplative. Sa vraie destination, en ce monde, n’est pas la contemplation, mais l’action, l’accomplissement du devoir, la vertu. Toute science qui, dans ses recherches, ne tend pas immédiatement à un but pratique, est oiseuse et inutile. Agir est l’essentiel, savoir l’accessoire ; l’un est