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tradiction infinie. Le produit de la science peut être, mais n’est pas nécessairement l’œuvre du génie ; c’est pourquoi le génie est et demeure problématique dans les sciences : en d’autres termes, on peut toujours dire d’une manière déterminée où il n’est pas, mais on ne peut jamais dire où il se trouve.

Ce n’est que par certains signes que l’on est autorisé à conclure l’existence du génie dans les sciences. Par exemple, il n’y a pas génie là où un ensemble, un système, s’élève par la division, ensuite par la réunion des détails. On devrait donc, au contraire, supposer le génie là où évidemment l’idée d’ensemble précède les détails particuliers. Là, en effet, l’idée de l’ensemble ne pourrait être éclaircie par son développement dans les détails particuliers, et ceux-ci, au contraire, n’étant possibles que par l’idée du tout, il parait y avoir une contradiction qui ne peut être conciliée que par un acte de génie, c’est-à-dire par une coïncidence soudaine de l’activité inconsciente avec l’activité consciente. On pourrait présumer le génie dans les sciences, d’après une autre donnée ; ce serait là où l’on rencontrerait des assertions dont on jugerait que l’auteur ne pouvait ni présenter le sens ni apprécier la portée avec conscience, soit d’après l’époque où il aurait vécu, soit d’après les autres expressions qu’il aurait émises avec conscience ; mais il est très-aisé de prouver que ce motif de présumer le génie peut être fort trompeur.

Le génie se distingue nettement de tout ce qui n’est