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minée de la nature. On voit ainsi le cas qu’il faut faire de l’imitation de la nature présentée comme principe de l’art, puisque, loin que ce soit la nature, belle seulement d’une beauté purement accidentelle, qui donne des règles à l’art, c’est plutôt ce que produit l’art dans sa perfection, qui fournit le principe et la règle (norma) pour juger de la beauté de la nature.

Il est aisé d’apprécier en quoi le produit esthétique se distingue du produit commun de l’art. (Toute production esthétique est, dans son principe, une production absolument libre, puisque l’artiste y est poussé par une contradiction, mais par une contradiction de ce qu’il y a de plus élevé dans sa propre nature ; au lieu que toutes les autres productions sont occasionnées par une contradiction qui se trouve en dehors de la faculté produisante, et ont ainsi chacune leur but hors d’elle. C’est cette indépendance de toute fin étrangère qui fait la sainteté et la pureté de l’art, et celles-ci vont si loin qu’il repousse toute alliance avec ce qui n’est que plaisir (alliance qu’il est du caractère propre de la barbarie de demander à l’art) ; ou, avec l’utile, ce qui ne peut être exigé de l’art que par une époque qui dirige les efforts les plus élevés de l’esprit humain vers les découvertes économiques. Il répugne même de s’allier à ce qui n’appartient qu’à la morale ; il laisse enfin bien loin derrière lui la science qui, par son désintéressement, confine de plus près à l’art, et cela simplement parce qu’elle poursuit toujours son but hors de soi, et