Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/564

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
382
ART.

mise par l’activité inconsciente, qu’il est impossible d’admettre dans l’activité consciente, ce qui rejette le moi dans une lutte avec lui-même, qui ne peut être terminée que dans une intuition esthétique. Celle-ci concilie les doux activités dans une harmonie imprévue. Seulement, l’intuition qui, dans ce cas, se trouve non dans l’artiste, mais dans le sujet qui a intuition, est ici complètement involontaire : puisque le sublime (tout différent de ce qui n’est qu’extraordinaire, qui présente également à l’imagination une contradiction, laquelle ne mérite pas d’être résolue), ébranle toutes les forces de Famé pour résoudre la contradiction qui menace l’existence intellectuelle tout entière.

La déduction des caractères de l’œuvre d’art met en lumière les traits par lesquels il se distingue des autres produits.

Le produit de l’art se distingue du produit de la nature, principalement en ce que la production organique ne procède pas de la conscience, ne procède pas, par conséquent, de la contradiction infinie qui est la condition de la production esthétique. Le produit de la nature ne sera donc pas nécessairement beau, et, s’il est beau, sa beauté n’apparaît ici que comme accidentelle, parce que la condition de sa beauté ne peut être conçue comme existant dans la nature. On peut expliquer par là l’intérêt tout-à-fait particulier qu’inspire la beauté de la nature, non comme beauté en général, mais comme beauté déter-