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d’art est donc l’expression du calme et de la grandeur tranquille, là même où il faut exprimer la plus grande intensité de douleur ou de joie.

3° Toute production esthétique provient d’une scission infinie en soi des deux activités qui sont séparées dans toute libre production. Mais ces deux activités devant être présentées dans le produit comme réunies, par lui un infini est présenté comme fini. Or, l’infini présenté comme fini, est la beauté. Le caractère fondamental de toute œuvre d’art, qui comprend en soi les deux activités, est donc la beauté, et sans beauté il n’y a pas d’œuvre d’art. S’il y a, en effet, des œuvres d’art sublimes, et si, à un certain égard, le beau et le sublime sont opposés l’un à l’autre (puisque, par exemple, une scène de la nature peut être belle, sans pour cela être sublime), l’opposition entre le beau et le sublime n’existe cependant qu’à l’égard de l’objet ; elle n’existe pas à l’égard du sujet, puisque la différence qui distingue l’œuvre d’art belle, de l’œuvre d’art sublime, ne consiste qu’en ce que, là où il y a beauté, la contradiction infinie est annihilée dans l’objet lui-même ; tandis que, là où il y a sublime, la contradiction n’est pas résolue dans l’objet lui-même ; mais n’est qu’élevée à une hauteur où elle se supprime involontairement dans l’intuition, ce qui est la même chose que si elle était supprimée dans l’objet. Il est aisé de montrer que le sublime repose sur la même contradiction que la beauté, puisque,dans un objet nommé sublime, une grandeur est ad-