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théorie de la nature à priori, c’est que la théorie ne s’est jamais légitimée par la prédiction d’aucune expérience. Cela est complètement faux. D’innombrables phénomènes ont été prévus par les physiciens, avant d’être démontrés par l’expérience, et c’est ce qui arrivera toujours de plus en plus à l’avenir. — Aussi, l’étude empirique de la nature fera des progrès d’autant plus rapides, lorsqu’elle ne sera plus obligée de se traîner ça et là, à l’aveugle, dans toutes les directions, lorsque le cercle dans lequel devront se faire toutes ses découvertes sera tracé ; lorsque tous les points où se rencontrent les phénomènes seront désignés, ainsi que les parties du cadre, qui, jusqu’ici, sont restées vides.

On trouve, dans le mécanisme du développement de l’esprit humain, la véritable raison pour laquelle l’expérience, partout et dans toutes les parties du savoir, a précédé la véritable science. La nature paraît s’amuser à jouer avec la raison, c’est-à-dire avec elle-même. Ordinairement elle dévoile le secret longtemps gardé, par un côté qui, à son tour, induit en erreur sur son véritable sens. Mais une fois ce secret dans la possession de l’homme, il devient l’objet de recherches plus exactes, et, tôt ou tard, il retourne facilement à sa vraie place, et s’y montre dans son véritable jour, pour signifier, dès-lors, tout autre chose que ce qu’il a signifié au début

Que l’on se rappelle les phénomènes galvaniques, qui, à l’origine, paraissaient d’une portée aussi res-