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science de la nature. Dans les mathématiques on n’explique pas, on démontre. La démonstration (la construction) est l’explication, et réciproquement ; quand on cherche à expliquer, c’est que l’on manque de démonstration. Si le physicien dynamique parle de démonstration, c’est tout au plus par une ancienne habitude ; en réalité, il ne fait que construire ; il part de son principe sans s’inquiéter de savoir où il le conduit ; les phénomènes, s’il procède conséquemment, viennent se ranger d’eux-mêmes à leur place, et la place qu’ils prennent dans le système est en même temps la seule explication qui en soit donnée.

Une théorie de la nature qui n’est pas formée par un procédé comparatif, mais entièrement et absolument à priori, ne peut, par conséquent, être autre chose qu’une exposition fidèle ou une histoire de la nature elle-même. Le philosophe de la nature se met à la place de la nature. Celle-ci, pendant qu’elle se développe elle-même n’a-t-elle pas présents les phénomènes qu’elle veut développer ; et tout ne naît-il pas pour elle, ne naît-elle pas pour elle-même, sans conscience ? La nature est pour elle-même à priori. Donc la théorie qui, pour construire, n’a pas présupposé plus que la nature n’a présupposé elle-même, savoir : l’essence interne et le caractère dernier (l’identité dans la duplicité), ne doit donner à son tour autre chose pour résultat que la nature telle qu’elle est pour elle-même.

Un reproche que l’on fait très-communément à la