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y a plus, dans le règne organique, elle semble se conformer à un dessein. D’un autre côté, dans le règne animal, ce produit des forces aveugles de la nature, nous voyons des actions qui par leur régularité ressemblent à celles qui se font avec conscience ; nous voyons même des ouvrages d’art parfaits dans leur genre. Or, comment expliquer tout cela, si l’on n’admet qu’il existe une productivité inconsciente, mais originairement de même nature que l’activité consciente, et dont nous ne pouvons voir que le simple reflet dans la nature. A ce degré de l’existence, celui de l’ordre naturel des choses, elle doit nous apparaître comme le même et identique penchant aveugle qui depuis la cristallisation jusqu’au plus haut degré de la formation organique (où d’un côté par l’instinct artistique elle retourne à la simple cristallisation) se développe seulement à divers degrés ?

D’après cette manière d’envisager les choses, puisque la nature n’est que l’organisme visible de notre raison, elle ne peut rien produire que de régulier et de conforme à un but, et elle est forcée de le produire. Mais si la nature ne peut rien produire que de régulier, et si elle le produit nécessairement, il s’ensuit que dans la nature conçue comme indépendante et comme existence réelle, dans le rapport de ses forces, l’origine de tels produits réguliers et conformes à un but doit aussi pouvoir se démontrer comme nécessaire ; qu’ainsi l’idéal doit à son tour sortir du réel et s’expliquer par lui.