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dépendante de toute loi, plus certainement elle amène à la pièce une péripétie qu’ils ne pouvaient prévoir : ils doivent donc aller où ils ne voulaient pas. Mais cette nécessité ne peut être conçue qu’au moyen d’une synthèse absolue de toutes les actions dont tout ce qui arrive, et l’histoire, par conséquent, est le développement, et dans laquelle, parce qu’elle est absolue, tout est prévu et calculé ; de telle sorte que quelle que soit la contradiction, la désharmonie apparente de tout ce qui peut arriver, cette synthèse en contienne et en trouve on soi le principe de conciliation…

Or, cet aperçu ne nous conduit qu’à un mécanisme de la nature qui assure le résultat final de toutes les actions et les dirige toutes, sans la participation de la liberté, vers le but suprême de l’espèce entière… Cette unité pour toutes les intelligences ne m’explique qu’une prédétermination de l’histoire entière par une synthèse absolue, dont le développement en plusieurs séries compose l’histoire ; mais elle ne m’explique pas comment la liberté d’action s’accorde avec cette prédétermination objective de toutes les actions, elle nous laisse toujours sans explication en présence de cette question : Par quoi l’harmonie est-elle établie ? Cette harmonie préétablie, de l’objectif (ce qui est conforme a la loi) et du déterminant (ce qui est libre), ne peut être conçue qu’au moyen d’un terme supérieur élevé au dessus des deux, qui n’est donc ni intelligence ni liberté, mais qui est la source com-