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miers effets. Mais on aperçoit aisément qu’un ordre établi par la nécessité ne peut avoir en soi des éléments de permanence : d’un côté, ce que la nécessité amène à produire, n’est fait que pour parer aux besoins les plus prochains, et, d’un autre côté, le mécanisme d’une constitution est appelé à exercer ses lois coërcitives sur des êtres libres qui ne se laissent contraindre qu’autant qu’ils y trouvent leur avantage. Comme il n’y a rien d’a priori dans les choses de la liberté, réunir des êtres libres sous un mécanisme commun est un de ces problèmes qui ne peuvent être résolus que par un nombre infini d’essais. La raison principale, c’est que le mécanisme qui met en mouvement la constitution, terme moyen entre l’idée de la constitution et son développement réel, diffère entièrement de la constitution elle-même, et, suivant les degrés différents de civilisation, les diversités de caractère, etc., que l’on remarque dans les nations, doit conduire à des modifications tout-à-fait différentes. Il faut donc s’attendre à voir d’élever d’abord des constitutions purement temporaires, portant en elles-mêmes le germe de leur destruction, et qui, étant fondées, non sur la raison, mais sur la nécessité des circonstances, doivent tôt ou tard se dissoudre. De même, il est naturel que, sous l’empire des circonstances, un peuple abandonne plusieurs droite qu’il ne peut formuler pour toujours et qu’il détruit tôt ou tard. Ce renversement de la constitution est alors infaillible, et d’autant plus assuré, qu’elle demande plus de perfection-