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laissez les dieux prendre possession d’elle et la remplir. Au contraire, le monde de la religion, qui est un monde spirituel, reste libre et entièrement séparé de l’apparence sensible ; ou, tout au plus, n’est-il célébré que par des chants sacrés et enthousiastes, et par une espèce de poésie également mystérieuse, comme l’était la poésie sacrée et religieuse des anciens, dont la poésie moderne, à son tour, n’est que la manifestation exotérique, et par conséquent imparfaite.

Nous nous contenterons d’indiquer, dans la doctrine et l’institution des mystères, ce qui, sur ce point, peut se dégager des récits des anciens de plus conforme aux idées de la raison.

La religion ésotérique est nécessairement monothéisme, comme la religion exotérique se résout nécessairement, sous quelque forme, en polythéisme. C’est seulement avec l’idée de l’Un simple et de l’idéal absolu que toutes les autres idées sont posées. De lui seul dérive, quoiqu’immédiatement, la doctrine d’un état absolu des ames dans les idées et de la première unité avec Dieu, où elles participent de la contemplation du vrai, du beau et du bien en soi ; doctrine qui peut aussi être représentée d’une manière sensible comme une préexistence des âmes dans le temps. À cette connaissance se rattache immédiatement celle de la perte de cet état, par conséquent de la chute des idées et de ce qui en est la conséquence, l’exil des ames dans les corps et dans le monde sensible. D’après les différentes conceptions qui, sur ce sujet.