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La première période est celle où domine encore le destin, où, comme force entièrement aveugle, il jette, froidement et sans conscience, la perturbation dans ce qu’il y a de plus grand et de plus noble. A cette période de l’histoire, que nous pouvons appeler tragique, appartient la décadence de la splendeur et des merveilles du monde ancien, et le bouleversement de ces empires dont le souvenir s’est à peine conservé, et dont les ruines nous font présumer la grandeur : la décadence de l’humanité la plus noble qui ait jamais fleuri sur la terre et dont le retour est l’objet d’un vœu éternel.

La seconde période de l’histoire est celle dans laquelle ce qui, dans la première, paraissait comme destin, c’est-à-dire comme force complètement aveugle, se révèle comme nature, et où la loi obscure, qui dominait dans celle-là, parait se transformer en une loi naturelle, sous laquelle la liberté et le libre arbitre sont forcés de plier, pour servir à un plan de la nature, ce qui introduit dans l’histoire une conformité au moins machinale à la loi. Cette période paraît commencer depuis l’extension de la république romaine, qui, dans sa passion de domination, unit, pour la première fois, les peuples d’une manière générale, les uns avec les autres, mit en contact les peuples isolés, forcée, sans en avoir conscience et contre sa volonté, de concourir à un plan de nature dont le développement complet doit faire naître l’union universelle des peuples et l’État universel. Tous les évé-