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paraître au sens commun, n’est arrivé réellement à quelque chose d’absurde ; qu’ainsi, sur chaque question possible en philosophie, une réponse générale aussi est possible ; car on voit, dès-lors, que la raison ne peut proposer une question à laquelle il n’ait déjà été répondu au fond. — De même que d’un germe rien ne peut se développer qui n’ait déjà été contenu en lui, de même, dans la philosophie, rien ne peut naitre (par l’analyse) qui ne soit auparavant dans l’esprit humain (la synthèse primitive). Par conséquent, un esprit commun pénètre tous les systèmes particuliers qui méritent ce nom, et les domine. Chaque système particulier n’est possible que comme déviation du modèle général dont tous se rapprochent plus ou moins. Mais ce système général n’est pas une chaîne descendante où chaque anneau s’attache à un autre, c’est un organisme dans lequel chaque membre particulier, par rapport à tout autre, est alternativement principe et conséquence, moyen et fin. Ainsi, tout progrès dans la philosophie n’est qu’un progrès par développement ; chaque système particulier qui mérite ce nom peut être considéré comme un germe qui, lentement et successivement, il est vrai, mais sans interruption, croit dans toutes les directions en développements les plus variés. Celui qui a une fois trouvé un pareil point central pour l’histoire de la philosophie est seul capable de l’écrire véritablement et conformément à la dignité de l’esprit humain.

Dans une pareille histoire de la philosophie, on