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il dit : « Si jamais il advient que le poëme sacré, auquel le ciel a mis la main aussi bien que la terre, et qui m’a fait pâlir pendant plusieurs années, triomphe de la cruauté du temps, qui me tient exilé du beau bercail où je dormais, agneau ennemi des loups qui le ravagent, je retournerai avec une autre voix et une autre toison, recevoir, dans le lieu de mon baptême, le laurier poétique. » Il adoucit l’horreur des supplices des damnés par sa propre sensibilité ; lors même qu’il touche au terme de tant de lamentables souffrances, son cœur est oppressé à un tel point qu’il a peine à retenir ses larmes, et Virgile lui dit : « Pourquoi te troubles tu ? »

Il a déjà été remarqué que la plupart des supplices de l’enfer sont symboliques par rapport aux crimes qu’ils doivent punir. Mais il y en a plusieurs qui ont une signification beaucoup plus étendue de ce nombre en particulier est la représentation d’une métamorphose où deux natures se changent en même temps l’une en l’autre et échangent en quelque sorte leur substance. Aucune des métamorphoses de l’antiquité ne peut se comparer avec celle-ci pour l’invention ; et si un naturaliste ou un poète didactique était capable d’esquisser des images de cette force, pour représenter l’éternelle métamorphose de la nature, il pourrait s’estimer heureux.

L’enfer se distingue des deux autres parties, non-seulement, comme nous l’avons fait observer, par le caractère extérieur de la représentation, mais encore