Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/491

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une comparaison avec les mystères de la religion, et il les rend croyables par un mystère encore plus élevé ; comme lorsqu’il donne son entrée dans la lune, qu’il compare à celle de la lumière dans une eau tranquille, pour une image de l’incarnation de Dieu.

La richesse des idées poétiques, la profondeur de la pensée philosophique qui pénètre jusqu’au plus petits détails dans la construction intérieure des trois parties de l’univers, formait une science particulière, comme, peu de temps après la mort du poète, sa nation le reconnut en fondant une chaire spéciale de Dante, que Boccace occupa le premier.

Or, non seulement les inventions de détail, dans chacune des trois parties du poème, laissent le caractère général de la forme première, mais la loi de celle-ci s’exprime d’une manière plus précise encore dans le rythme intérieur et spirituel par lequel ces trois parties s’opposent entre elles. Par cela même que l’enfer est plus terrible par le sujet, l’expression y est aussi plus énergique, la diction plus sévère ; le langage est sombre et remplit l’ame d’horreur. Dans une partie du purgatoire règne un calme profond, parce que les gémissements du monde inférieur se taisent. A son sommet, dans le vestibule du ciel, tout est couleur. Le paradis est une véritable musique des sphères.

La multiplicité et la diversité des supplices de l’enfer offrent une fécondité d’invention sans exemple. Entre le crime et le supplice il n’y a pas d’autre rap-