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bolique universelle. De sorte qu’on ne voit pas pourquoi chacune des époques désignées ne pourrait avoir sa comédie divine, conçue dans le même plan. Pour le drame moderne, la division des cinq actes est adoptée comme forme ordinaire, parce que chaque événement est considéré dans son commencement, son développement, son point culminant, sa marche vers le dénouement et sa fin réelle ; de même cette trichotomie de Dante, pour la haute poésie prophétique qui exprimait un temps complet, doit se concevoir comme une forme générale qui, dans le développement de l’action, ne pouvait offrir une variété infinie qu’autant qu’elle serait sans cesse vivifiée par la puissance d’une invention originale. Mais ce n’est pas seulement comme forme extérieure, c’est aussi comme expression sensible du type intérieur de toute science et de toute poésie, que cette forme est éternelle, et on peut y entrevoir les trois grands objets de la science et de la culture intellectuelle : la nature, l’histoire et l’art. La nature est comme la naissance de toutes choses, la nuit éternelle, cette unité dans laquelle celles-ci sont renfermées en elles-mêmes, l’aphélium de l’univers, le lieu de l’éloignement de Dieu du véritable centre. La vie et l’histoire, dont le caractère est un développement progressif, n’est qu’une purification, un passage à un état absolu. Celui-ci n’est visible que dans l’art, qui anticipe dans l’éternité, qui est le paradis de la vie et est véritablement au centre.