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par exemple, l’endroit que tout le monde connaît, où il s’agit de l’ame qui sort des mains de Dieu comme une petite fille qui pleure et rit avec une grâce enfantine, une simple petite ame qui ne sait rien, si ce n’est qu’excitée par le sourire du Créateur, elle se tourne volontiers vers ce qui la réjouit. Nous parlons seulement de la forme générale, symbolique, de l’ensemble, dont le caractère absolu révèle, plus que tout le reste, la portée universelle et l’éternité de ce poëme.

Lorsque l’union de la philosophie et de la poésie n’est conçue que dans leur synthèse la plus inférieure, c’est-à-dire, comme poème didactique, il est nécessaire alors, puisqu’il est de l’essence du poëme de ne pas avoir de but extérieur, que l’intention d’enseigner disparaisse en lui et se change en une indépendance absolue qui efface toute subordination. Mais cela ne peut se concevoir qu’autant que la science, étant l’image de l’univers et sa reproduction fidèle, et celui-ci, à son tour, étant considéré comme la poésie la plus ancienne et la plus belle, la science elle-même est absolument poétique. Le poëme de Dante nous offre une beaucoup plus haute fusion de la science et de la poésie. Aussi sa forme extérieure elle-même, dans sa libre originalité, doit reproduire d’autant plus fidèlement le type général du système du monde.

La division de l’univers et celle du sujet en trois règnes, l’enfer, le purgatoire et le paradis, est aussi, indépendamment de la signification particulière que le christianisme attache à ces idées, une forme sym-