Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/486

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lange particulier des événements de son temps et de ceux de sa vie, détermine la mesure dans laquelle il conserve la force mythologique. Les personnages de Dante reçoivent déjà, par la place qu’il leur donne et qui est éternelle, une sorte d’éternité. Non-seulement la réalité qu’il emprunte à son temps, comme l’histoire d’Ugolin et d’autres, mais encore, ce qui est chez lui de pure invention, comme la mort d’Ulysse et de ses compagnons, offre, dans l’enchainement de son poëme, une incontestable vérité mythologique.

Il ne peut y avoir qu’un intérêt subalterne à exposer la philosophie, la physique et l’astronomie de Dante en elles-mêmes et pour elles-mêmes, parce que leur véritable caractère original ne consiste que dans la manière dont elles sont combinées avec la poésie. Le système de Ptolémée, qui sans doute est la base de son édifice poétique, a déjà même une couleur mythologique. Si sa philosophie est, en général, celle d’Aristote, il ne faut pas cependant entendre par là une philosophie purement péripatétique, mais une combinaison propre à cette époque, de cette philosophie avec les idées de la philosophie platonicienne, comme cela peut se prouver par plusieurs exemples du poëme.

Nous ne nous arrêterons pas à faire remarquer la force et la profonde vérité de certains passages, la simplicité et la naïveté infinie de plusieurs images par lesquelles le poète exprime ses idées philosophiques,