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naît insensiblement sous la main du peintre qui distribue les couleurs sur la toile ; puis, il se ternit, s’altère par la fumée, la poussière, les vers ou les teignes.

2° « Or, il n’apparaît dans la nature rien que d’individuel. » (Tout-à-l’heure, tout être individuel était une manifestation du divin dans l’individuel.)

3° « Donc, dans la nature rien ne peut être beau.

« En effet, pour que la beauté fût possible, il faudrait que le divin, qui doit bien, cependant, apparaître comme quelque chose de durable et de permanent (dans le temps, s’entend) apparût, en effet, comme tel. Or, dans la nature, il n’y a rien que d’individuel et, par conséquent, de passager. » —

Supérieurement raisonné ! Seulement, ce raisonnement pèche par plusieurs endroits. Nous n’en mentionnerons que deux. D’abord, la proposition n° 2 ; savoir : Que, dans la nature, il n’apparaît rien que d’individuel. Mais, auparavant, là où maintenant il n’y a plus rien que d’individuel, il y avait trois choses : A le divin, B l’individuel, dans lequel le divin apparaît, C ce qui résulte de leur union ; c’est-à-dire quelque chose de divin et de terrestre à-la-fois. Mais le modeste connaisseur, qui se mirait tout-à-l’heure dans la nouvelle philosophie, oublie tout-à-fait comment cela a été établi. Maintenant, de A, de B et de C, il ne voit plus que B, et il lui est facile de prouver qu’il n’est pas beau, quoique, d’après sa propre explication, ce dût être seulement C. Maintenant, il ne voudra pas dire, au contraire, que C n’apparaît pas, quoiqu’il l’ait pensé ailleurs. En effet, A (le divin) n’apparaît pas en lui-même, mais seulement par l’individuel B, par conséquent dans C. Mais B n’existe, en général, qu’autant que A apparaît en lui ; par conséquent aussi dans C. Ainsi, précisément C est ce qui seul apparaît réellement.— Le second vice du raisonnement consiste dans la proposition subsidiaire ajus-