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publique. Il a besoin d’un enthousiasme général pour le sublime et le beau, comme celui qui, du temps des Médicis, semblable à une chaude haleine du printemps, fit éclore tant de grands génies à la fois ; il réclame une constitution politique semblable à celle que nous représente Périclès dans l’éloge qu’il fut d’Athènes, ou à celle que le règne paternel et plein de douceur d’un prince éclairé nous conserve plus ferme et plus durable que la souveraineté populaire, une organisation sociale où toutes les facultés se développent librement et tous les talents aiment à se montrer, parce que chacun est apprécié uniquement selon son mérite, où l’inaction est une honte, et la louange n’est point décernée aux productions vulgaires, où, au contraire, tous tendent vers un but élevé, placé hors de la portée commune. C’est alors, quand la vie publique est mise en mouvement par des mobiles capables de donner l’essor à l’art, c’est seulement alors qu’il peut en tirer quelqu’avantage ; car il ne peut, sans renoncer à la noblesse de sa nature, tendre vers un but étranger à lui. L’art et la science ne peuvent se mouvoir que sur leur axe propre. L’artiste, comme quiconque s’occupe des travaux de l’esprit, suit la loi que Dieu et la nature ont gravée dans son cœur, et n’en connaît pas d’autre. Personne ne peut l’aider ; il doit trouver son aide en lui-même. De même, il ne trouve qu’en lui sa récompense ; car ce qu’il n’a pas produit pour lui-même sera, par cela seul, bientôt nul. De même aussi personne ne doit lui