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telles et heureuses. La fleur de la vie a son moment le plus parfait, le souffle de l’imagination et le parfum plus subtil encore de l’esprit s’exhalent à la fois de ses œuvres. Il n’est plus seulement peintre, il est philosophe ; il est poète en même temps. La puissance du génie, la sagesse et la mesure se donnent ici la main. Telles les choses sont ordonnées dans la nature d’après les lois d’une éternelle nécessité, telles il les représente. Avec lui l’art a atteint son terme, et comme le véritable équilibre du divin et de l’humain ne peut guère exister que dans un point unique, le sceau de l’unicité est empreint sur ses œuvres.

A partir de ce moment, la peinture, pour épuiser toutes les formes possibles que comporte sa nature, ne pouvait plus se mouvoir en avant que d’un seul côté ; el quoi qu’elle ait pu entreprendre dans les renouvellements postérieurs de l’art, quelles que soient les différentes directions qu’elle ait essayées, elle parait n’en avoir pris qu’une seule qui lui ait permis de fermer le cercle des grands maîtres avec une espèce de nécessité. De même que le cercle des anciennes histoires des dieux se ferme par la fable récente de Psyché, de même la peinture pouvait encore, par la prépondérance accordée à l’âme, atteindre à un degré nouveau de l’art, quoique non plus élevé. C’est à ce but que tendit Guido Reni, et il fut, à proprement parler, le peintre de l’âme. Tel nous paraît avoir été le caractère général de sa tendance, quoique souvent elle soit mal assurée, et que plusieurs de