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soient en réalité, à chaque instant, tout ce qu’elles peuvent être d’après leur idée ou leur âme, par conséquent, dans des natures divines. Ainsi, quand même il n’y aurait eu auparavant aucune mythologie, l’art y serait arrivé de lui-même, et aurait inventé les dieux s’il ne les avait pas trouvés déjà existants. Ensuite, comme l’esprit, à un degré inférieur de l’existence, est avec la matière dans le même rapport que nom avons attribué à l’âme vis-à-vis de lui (puisqu’il est le principe de l’activité et du mouvement, comme la matière est celui du repos et de l’inertie), la loi de la mesure dans l’expression et dans les passions est une loi fondamentale qui dérive de leur nature. El cette loi doit s’appliquer, non-seulement aux passions inférieures, mais, s’il est permis de parler ainsi, aux passions élevées et divines dont l’âme est capable dans le ravissement, dans la méditation, dans la prière. Par conséquent, puisque les dieux seuls sont affranchis de ces passions par ce côté, aussi, la sculpture est éminemment propre à la représentation des natures divines.

Mais la peinture paraît dans des conditions toutes différentes de celles de la sculpture ; car elle ne représente plus, comme celle-ci, à l’aide de formes corporelles, mais par la lumière et les couleurs, moyen lui-même incorporel et en quelque sorte spirituel. Aussi, ne donne-t-elle jamais ses images pour les objets eux-mêmes ; elle veut expressément qu’elles ne soient considérées que comme des images. Par là.