Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/449

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une vie plus élevée. Ce qui, auparavant, était le tout, n’est plus considéré que comme partie, et le rapport le plus élevé de l’art à la nature est atteint, par cela même qu’il prend celle-ci comme moyen, pour rendre visible l’âme en elle.

Mais si, dans cette fleur de l’art, comme dans la fleur du règne végétal, tous les degrés antérieurs se répètent, on voit aussi, d’un autre côté, par quelles routes différentes l’art peut sortir de ce point central. C’est ici, surtout, que la différence naturelle des deux formes qu’affectent les arts du dessin se montre dans toute sa force. Car, pour la sculpture, comme elle représente ses idées par des formes corporelles, le point le plus élevé paraît devoir consister dans le parfait équilibre entre l’âme et le corps. Si elle donne à ce dernier la prépondérance, alors elle tombe au-dessous de son idée. Mais il semble tout-à-fait impossible qu’elle élève l’âme aux dépens de la matière, puisqu’ainsi elle se dépasserait elle-même. Le parfait sculpteur, il est vrai, comme le dit Winckelmann, à propos de l’Apollon du Belvédère, ne prendra pas pour son œuvre plus de matière qu’il n’en a besoin pour atteindre son but spirituel ; mais aussi, d’un autre côté, il ne mettra pas dans l’âme plus de force spirituelle que la matière ne peut en exprimer ; car son art consiste précisément à exprimer le spirituel d’une manière toute corporelle. La sculpture ne peut donc atteindre à son véritable point de perfection que dans des natures telles, qu’en vertu de leur essence même, elles