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pire la conservation de ceux qui lui restent et de la plus jeune fille qui se réfugie dans son sein, ni l’indignation contre les cruelles divinités, ou au moins, comme on l’a prétendu, une froide consolation ; nous voyons tout cela sans doute, mais non en soi. A travers la douleur, l’angoisse et l’indignation, rayonne, semblable à une lumière divine, l’amour éternel, comme la seule chose qui ne périt pas ; et c’est en lui que se conserve la mère, la mère qui ne l’était pas seulement tout-à-l’heure, mais qui l’est toujours, qui reste réunie par un lien éternel à ses enfants bien aimés.

Chacun reconnaît que la grandeur, la pureté et la beauté de l’âme ont aussi leur expression sensible. Comment cela pourrait-il se concevoir, s’il n’y avait dans la matière un principe actif qui a déjà de l’affinité avec l’âme et qui lui ressemble ? Maintenant, il y a, pour la représentation de l’âme, des degrés dans l’art, même lorsqu’il est retenu dans le simple caractéristique, ou lorsqu’il se développe harmonieusement avec toute la douceur de la grace. Qui ne voit que déjà, dans la tragédie d’Eschyle, domine cette haute moralité qui fait le caractère particulier du théâtre de Sophocle ? Mais elle est là, encore enfermée sous une rude enveloppe, et elle se communique moins à l’ensemble, parce qu’ici manque encore le lien de la grâce sensible. De ce sérieux et de ces graces encore terribles de l’art, à son origine, devait cependant naître la grace sophocléenne, el, avec elle, cette