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aucune propriété, aucune faculté et aucune espèce en particulier. On ne peut pas dire d’elle : elle sait, mais elle est la science ; elle est bonne, mais elle est la bonté ; elle est belle, comme cela peut être pour le corps, mais elle est la beauté même.

Sans doute, l’âme de l’artiste se révèle dans l’œuvre d’art, d’une manière plus ou moins immédiate, soit par l’invention dans les détails, soit par l’unité dans l’ensemble, unité qui fait qu’elle semble planer au-dessus de son œuvre dans un silence calme. Mais elle doit se manifester aussi dans le sujet représenté comme puissance supérieure de la pensée, lorsque la nature humaine est représentée remplie d’une haute conception, d’une noble pensée, d’une vérité morale profondément sentie. Ces deux choses trouvent leur expression claire, même dans l’état le plus calme, plus vive, cependant, lorsque l’âme peut se manifester d’une manière active et dans la lutte. Et, comme ce sont principalement les passions qui troublent la paix de la vie, il est admis généralement que la beauté de l’âme se montre surtout par une force calme au milieu de la tempête des passions.

Il y a ici, cependant, une distinction importante à faire : Pour modérer ces passions, qui ne sont que le soulèvement des esprits inférieurs de la nature, l’âme ne doit pas être évoquée ; elle ne doit pas, non plus, être montrée en opposition avec les passions. Tant que la raison ordinaire combat contre elles, l’âme, en général, n’a pas besoin d’intervenir. Elles