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tâche entière. L’image pure de la beauté qui s’arrête à ce degré est la déesse de l’amour. Mais la beauté de l’âme eu elle-même, fondue avec la grâce sensible, celle-là, c’est la plus haute divinisation de la nature.

L’esprit de la nature n’est opposé à l’âme qu’en apparence ; en soi, il est l’instrument de sa manifestation ; il produit, à la vérité, l’opposition des choses, mais seulement afin que l’essence seule puisse apparaître comme la plus haute douceur et l’harmonie de toutes les forces. Toutes les autres créatures sont animées par le simple esprit de la nature et conservent par lui leur individualité. Dans l’homme seul, comme dans un point central, apparaît l’âme, sans laquelle le monde moral ressemblerait à la nature privée du soleil.

L’âme est donc, dans l’homme, non le principe de l’individualité, mais ce par quoi il s’élève au-dessus de toute personnalité, ce qui le rend capable du sacrifice de soi-même, de l’amour désintéressé, de ce qu’il y a de plus sublime, comme de contempler et de comprendre l’essence des choses, ce qui lui donne, en même temps, le sens de l’art. Elle ne s’occupe plus de la matière, elle n’a plus de commerce immédiat avec elle, mais seulement avec l’esprit, qui est la vie des êtres. Quoiqu’apparaissant dans le corps, elle est libre des liens du corps, et la conscience de lui être unie, dans les plus belles représentations de l’art, plane seulement comme un songe facile qui ne la trouble pas. Elle n’est