Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/435

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

encore d’une manière insensible, comme dans le cristal la contexture des parties subsiste malgré la transparence. Chaque élément caractéristique maintient son action, mais avec douceur, et concourt ainsi à l’effet que produit l’indifférence sublime de la beauté.

Le côté extérieur ou la base de toute beauté est la beauté de la forme ; mais comme la forme ne peut exister sans l’essence, partout où la forme se montre, le caractère aussi est visible, ou, au moins, se fait sentir. La beauté caractéristique est donc la beauté dans sa racine ; elle seule peut ensuite produire comme son fruit la véritable beauté. L’essence, il est vrai, dépasse la forme ; mais encore le caractéristique reste-t-il toujours le principe générateur du beau.

Le plus digne connaisseur[1], à qui les dieux ont donné, à la fois, l’empire de la nature et celui de l’art, compare le caractéristique, dans son rapport avec la beauté, au squelette dans son rapport avec la forme vivante. Si nous voulions expliquer cette excellente comparaison dans notre sens, nous dirions que le squelette n’est pas dans la nature, comme dans notre esprit, séparé de l’organisme vivant ; que les parties solides et les parties molles, ce qui détermine et ce qui est déterminé, se supposent réciproquement et ne peuvent exister que dans leur mutuelle relation ; que

  1. Goëthe C. B.