Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/431

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

elle prend une allure plus hardie et plus libre, et alors se montrent, dans l’activité et la vie, des caractères qui sont les mêmes dans toutes les espèces. L’art, il est vrai, ne peut prendre son point de départ aussi bas que la nature. Chez elle, si la beauté est également répandue partout, il y a cependant divers degrés dans la manifestation et le développement de l’essence, par conséquent aussi dans la beauté ; mais l’art veut dans celle-ci une certaine richesse, il voudrait faire résonner non un accent, ou un son isolé, ni même un accord détaché, mais l’harmonieuse mélodie de la beauté. Il s’empare donc de préférence, immédiatement, de ce qu’il y a de plus élevé et de plus développé : de la forme humaine. Car, comme il ne lui est pas donné d’embrasser l’ensemble dans ses immenses proportions, et que, dans les autres créatures, l’être ne se manifeste que par des éclairs isolés, tandis que dans l’homme il apparaît dans sa plénitude, sans interruption, non-seulement il lui est permis, mais il est obligé de voir la nature entière dans l’homme seul. Mais, précisément pour cela même, comme la nature rassemble ici tout en un seul point, elle reproduit toute sa variété, et le chemin qu’elle a parcouru dans un plus vaste circuit, elle le reprend de nouveau dans un espace plus restreint. Ici donc naît pour l’artiste la nécessité d’être fidèle et vrai dans des limites plus étroites, afin de paraître, dans l’ensemble, parfait et beau. C’est ici qu’il s’agit de lutter avec la nature créatrice, qui dans le monde