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cette idée passe-t-elle dans la réalité et prend-elle une forme corporelle ? Uniquement par la science créatrice, qui est aussi nécessairement unie à la raison infinie que l’est dans l’artiste l’essence qui comprend l’idée de la beauté invisible, avec ce qui la représente d’une manière sensible. Si cet artiste doit être félicité et célébré entre tous, à qui les dieux ont fait don de ce génie créateur, l’œuvre d’art doit aussi paraître excellente, à proportion qu’elle nous montre, dans leur pureté, cette puissance créatrice et cette activité de la nature comme développées dans un cercle plus étroit.

On a déjà reconnu, depuis long-temps, que, dans la production artistique, tout ne se fait pas avec conscience ; qu’avec l’activité consciente doit se combiner une force inconsciente, et que la parfaite union, la pénétration mutuelle de ces deux principes enfante ce qu’il y a de plus élevé dans l’art. Les œuvres auxquelles manque ce cachet de la science inconsciente se reconnaissent à un défaut palpable : celui de manquer de la vie propre, d’une vie indépendante de celle de l’artiste ; tandis qu’au contraire, là où elle se manifeste, l’art communique à ses œuvres, avec la plus haute clarté pour la raison, en même temps, cette réalité inépuisable qui les fait ressembler aux œuvres de la nature.

La place de l’artiste vis-à-vis de la nature devait être souvent expliquée par cette maxime : que l’artiste pour être tel, devait s’éloigner d’abord de la