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trer n’apparaît pas, indocile à la voix de celui qui a cru possible une création par la simple forme.

Loin de nous la pensée de vouloir ici rabaisser le génie de l’homme dont la doctrine immortelle, véritable révélation du beau, fut plutôt la cause occasionnelle qu’efficiente de cette direction de l’art. Que sa mémoire demeure sainte comme le souvenir de tous les bienfaiteurs de l’humanité. Il resta, pendant tout son siècle, comme une montagne, dans un isolement sublime. Aucune voix sympathique, aucun signe de vie, aucun battement du cœur dans tout le vaste empire de la science, ne répondît à ses efforts (2), et lorsque vinrent ses véritables contemporains, cet homme admirable n’était plus. Et cependant il a fait une si grande chose !… Par son sens profond et par ses idées, il n’appartient pas à son époque, mais à l’antiquité ou au siècle dont il est le créateur, au siècle présent. Par sa doctrine, qui jeta les premiers fondements de cet édifice général de la connaissance et de la science de l’antiquité, il lui a été donné d’inaugurer les temps nouveaux. Le premier, il eut la pensée de considérer les œuvres de l’art d’après le procédé et les lois que suit la nature dans ses œuvres éternelles, tandis qu’avant et après lui toute création de l’activité humaine était regardée comme l’œuvre d’une volonté arbitraire et sans lois, et traitée conformément à ce principe. Son génie, comme le souffle d’un vent venu des climats plus doux, dissipa les nuages qui nous dérobaient le ciel de l’art de l’an-