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D’un autre côté, les arts du dessin, suivant une ancienne expression, doivent être une poésie muette. L’auteur de cette définition voulait dire par là, sans doute, que, de même que la poésie, ils doivent exprimer des idées de l’esprit, des conceptions dont l’origine est dans l’âme, non par la parole, mais comme la silencieuse nature, par des figures, par des formes, par des œuvres visibles, indépendantes du langage. Il est donc évident que les arts du dessin forment comme un intermédiaire vivant entre l’âme et la nature, et qu’ils ne peuvent être compris que dans ce milieu vivant. Il y a plus, comme ils ont de commun avec les autres arts, et spécialement avec la poésie, de se rapporter à l’âme, ce qui les distingue, c’est le lien qui les unit à la nature et fait de l’artiste une force qui se développe d’une manière semblable à elle. Par là, ils restent attachés à son domaine. C’est donc à la nature que doit se rapporter une théorie qui puisse à la fois satisfaire la raison, être utile à l’art et contribuer à ses progrès.

Nous espérons, par conséquent, en considérant les arts du dessin dans leur rapport avec leur véritable modèle et leur source première, la nature, pouvoir fournir à leur théorie un élément nouveau, donner quelques idées plus exactes et des explications plus précises, mais surtout faire ressortir l’enchaînement des parties qui composent l’édifice entier de l’art, dans la lumière d’une haute nécessité.