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une partie de la faveur générale et du bon accueil dont il jouit, ne pouvait être revendiquée pour l’orateur lui-même. Il est d’autres sujets qui doivent être relevés par l’éloquence, ou qui, s’ils offrent en soi quelque chose d’extraordinaire, sont rendus vraisemblables par l’exposition. L’art a sur eux cet avantage, qu’il se manifeste immédiatement aux regards, et qu’il va au devant des doutes qui pourraient s’élever sur l’existence d’une perfection au-dessus de la mesure commune, puisque ce qui ne peut être saisi par plusieurs d’une manière abstraite, apparaît ici aux yeux revêtu d’un corps. Ensuite, ce qui favorise ce discours c’est cette considération : que la plupart des doctrines qui se sont formées sur ce point ont toujours trop peu remonté aux sources premières de l’art ; car la plupart des artistes, bien qu’ils doivent tous imiter la nature, sont cependant rarement parvenus à se faire une idée de son essence. Quant aux connaisseurs et aux penseurs, à cause de la difficulté de pénétrer dans les secrets de la nature, ils trouvent la plus part du temps plus commode de déduire leurs théories de la considération de l’ame que de les emprunter à la science de la. nature. Aussi ces doctrines sont-elles ordinairement trop superficielles. Elles contiennent, il est vrai, en général, beaucoup de réflexions justes et vraies sur l’art ; mais elles sont inutiles aux artistes eux-mêmes dans les arts du dessin, et parfaitement stériles dans l’application.