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s’est trouvée placée dans une dépendance toujours plus étroite du point de vue moral, ou de celui de l’utile. De même, dans les théories psychologiques, ses manifestations ont été expliquées comme accidentelles, à peu près comme des histoires de spectres ou d’autres apparitions, jusqu’à ce que le formalisme kantien, qui leur a succédé, fit naître, il est vrai, un point de vue nouveau et plus élevé, mais avec lui une foule de sciences de l’art, vides de l’art.

Les germes d’une véritable science de l’art, que d’excellents esprits ont semés depuis, n’ont pas encore été développés de manière à former un tout scientifique, comme ils le font cependant attendre. La philosophie de l’art est un but essentiel pour le philosophe, qui voit en elle l’essence intime de la science comme dans un miroir magique et symbolique. Elle a pour lui, comme science, une importance absolue, égale à celle de la philosophie de la nature, par exemple, comme construction des productions et des œuvres les plus remarquables ou comme tableau d’un monde aussi complet et aussi parfait que l’est celui de la nature. Par elle, celui qui observe la nature en philosophe apprend à reconnaître, représentés sous des images sensibles, les véritables types primitifs des formes, qu’il ne trouve que confusément exprimés dans la nature ; il voit comment de ceux-ci s’engendrent les choses sensibles.

Le lien intime qui unit l’art et la religion, l’impos-