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si ce n’est celui-là même chez lequel brûle cette flamme divine ? Peut-on chercher à soumettre à une construction philosophique ce qui est aussi incompréhensible dans son origine que merveilleux dans ses effets ? Peut-on vouloir assujettir à des lois et déterminer exactement ce dont la nature est de ne reconnaître d’autre loi que soi-même ? Ou bien encore, n’est il pas aussi impossible de comprendre le génie avec des idées abstraites que de le créer par des règles ? Qui oserait vouloir s’élever par la pensée au-dessus de ce qu’il y a de plus manifestement libre et de plus absolu dans l’univers, étendre l’horizon de ses regards par delà les dernières limites, pour marquer de ce côté de nouvelles limites ? » —

Ainsi pourrait parler un certain enthousiasme qui n’aurait compris l’art que dans ses effets, et ne le connaîtrait pas véritablement en lui-même, ni la place qui appartient à la philosophie dans l’universalité des choses. En effet, quand on supposerait que l’art n’a au-dessus de lui rien qui le comprenne, cependant, la loi universelle des choses embrasse tout, domine tout, à tel point que rien ne peut-être connu dans l’univers qui n’ait son modèle ou son contraste dans un autre terme. La loi de l’opposition de l’idéal et du réel est tellement absolue, que, même dans les derniers confins de l’infini et du fini, là où les oppositions de l’existence visible s’effacent dans le sein de l’absolu le plus pur, le même rapport conserve ses droits et se reproduit à sa dernière puissance. Ce rapport est celui de la philosophie et de l’art.