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trente ans de labeurs et de minutieuses analyses, en est encore à dresser le catalogue des facultés de l’esprit. La ce sont de vieux systèmes que de laborieuses et intelligentes recherches font sortir de leur tombe, mais qui ne reparaissent que pour accuser notre impuissance et confondre la critique audacieuse qui ose appliquera ces géants des mesures faites pour des tailles de pygmées. Ou bien ce sont ces anciens systèmes déguisés sous des formules modernes, avec des variantes et des additions, pour la plupart empruntées, sciemment ou non, aux théories étrangères ; l’ignorance chez les uns, chez les autres le soin pris d’avance de dénigrer ces philosophes et de les traiter en ennemis, suffisant à prévenir ou à calmer des scrupules, assez rares d’ailleurs, dans une époque vouée à l’imitation à un tel point qu’elle imite encore en s’imaginant créer. Ou, enfin, ce sont des lambeaux de théories, sans unité ni homogénéité, que l’auteur donne provisoirement comme des conceptions encore informes, des échantillons, des essais, avec promesse de trouver plus tard l’idée qui doit réunir et coordonner ces fragments, comme si cette idée, qui doit être la mère du système, pouvait naître après le fils à qui elle est censée donner le jour.

Cela soit dit sans que l’on puisse soupçonner la sincérité de notre estime, de notre admiration même, pour plusieurs de ces travaux et pour leurs auteurs. Autant que personne nous savons apprécier le zèle et la patience, l’érudition intelligente, le talent d’analyse et