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sous le patronage des penseurs dont le temps a mieux protégé la mémoire. C’est là, disent les uns, une tactique habile sous le feu trop vif et trop pressant de l’ennemi. Il est toujours beau, observent les autres, de reconnaître, même implicitement, ses erreurs de jeunesse. Pour nous, qui n’attachons à ces luttes qu’une importance secondaire, nous dirons : Plaise à Dieu que l’on trouve asile et sécurité dans ces forteresses ! Mais si l’on a su par là se ménager les moyens de reparaître avec avantage sur le champ de bataille des intérêts du siècle, n’a-t-on pas déserté celui des idées ?

On a aussi proposé d’autres doctrines, d’autres systèmes, mais ces prétendus systèmes n’ont jamais pu parvenir à s’organiser, à se formuler nettement et d’une manière complète. Ce sont des solutions partielles à divers problêmes très-importants sans doute, mais sans portée universelle. Les questions sociales, industrielles, historiques ou religieuses y jouent un rôle exclusif, absorbent, effacent tout le reste, sont données comme l’objet suprême et unique vers lequel doivent tendre tous les efforts de l’esprit humain. La métaphysique, cette science générale des principes, y est oubliée, dédaignée ou ajournée, et, dans ce dernier cas, doit éclore du système qu’elle devait engendrer. Ici nous voyons une psychologie timide qui, du reste, nous nous plaisons à le reconnaître, a rendu à la science de véritables services, toujours occupée à dénombrer les faits de conscience, et qui, après