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nesse de la science, de cette époque où le sentiment de l’unité intérieure de toute choses était plus profondément empreint dans l’esprit de l’homme. Elle en avait retenu quelques expressions figurées, comme affinité, etc. ; mais, loin de représenter une idée profonde, ces termes ne furent bientôt plus propres qu’à servir d’asile à l’ignorance. Le nec plus ultra, la limite dernière de toute connaissance, fut, de plus en plus, ce qui se laissait apprécier en poids et en volume ; et ces esprits innés de la nature, ces puissances qui raniment, qui produisent les qualités impérissables, furent eux-mêmes des éléments matériels, qui pouvaient être recueillis et enfermés dans un bocal.

Je ne nie pas que la chimie moderne ne nous ait enrichi d’un grand nombre de faits, quoiqu’il reste toujours à désirer que ce nouveau monde soit découvert une seconde fois, intégralement, par un organe plus élevé. Il est ridicule de s’imaginer avoir trouvé une théorie dans l’exposition de ces faits, qui ne sont liés entre eux que par des mots insignifiants : matière, attraction, etc., tandis qu’on n’a pas la moindre idée de ce que c’est que qualité, synthèse, analyse, etc.

Il peut être avantageux de traiter la chimie indépendamment de la physique. Mais alors elle doit être considérée simplement comme art de faire des expériences, sans qu’elle ait aucune prétention au titre de science. La construction des phénomènes chimiques n’appartient pas à une science particulière.